En 2025, un projet de décret promettant des changements significatifs dans le remboursement des cures thermales pour les patients atteints d’affections longues durées (ALD) suscite de nombreuses interrogations. Actuellement prises en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, ces cures pourraient bientôt ne plus bénéficier que d’un remboursement à hauteur de 65 %, soit le même taux que le reste des assurés sociaux. Ce projet, qui doit être examiné prochainement par le conseil de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), s’inscrit dans un contexte général de maîtrise des dépenses de santé. Ce contexte agit en tension avec l’importance reconnue des cures thermales comme soins de support pour certaines pathologies chroniques. Le débat s’enflamme également dans le secteur des stations thermales et parmi les professionnels de la médecine thermale, qui redoutent un déremboursement lourd de conséquences sur l’accessibilité et la pérennité des soins spécialisés. Par ailleurs, cette mesure ne s’appliquerait pas seulement aux soins thermaux, mais pourrait toucher aussi les remboursements de certains médicaments, accentuant ainsi la pression financière sur des millions de patients concernés par une affection longue durée.
Les enjeux du remboursement des cures thermales pour les patients en affection longue durée
Les cures thermales représentent un traitement non médicamenteux reconnu par la Sécurité sociale, particulièrement pour les patients atteints d’affections longues durées. Ces derniers bénéficient aujourd’hui d’un remboursement intégral de leurs cures, qui inclut le forfait thermal et les soins spécifiques délivrés dans les stations thermales. Cette prise en charge est accordée en raison du rôle fondamental de la médecine thermale comme soin de support, limitant parfois l’usage intensif de médicaments et améliorant la qualité de vie des patients. Cependant, dans un contexte où les dépenses de santé continuent d’augmenter, l’Assurance Maladie étudie la piste d’une réduction du taux de remboursement, ramenant celui-ci à 65 %.
Cette démarche soulève plusieurs questions d’impact :
- Accessibilité des soins : avec une baisse du remboursement, les patients en ALD pourraient devoir supporter un reste à charge plus important, freinant parfois l’accès à ces traitements longs et réguliers.
- Équité entre patients : la suppression du remboursement intégral entraînerait une harmonisation avec les remboursements des patients non-ALD, modifiant une spécificité longtemps défendue par les bénéficiaires d’ALD.
- Conséquences économiques : le secteur thermal, déjà fragile, pourrait voir une diminution sensible du nombre de cures demandées, affectant l’activité des établissements et des stations thermales.
Un tableau comparatif permet d’illustrer l’évolution envisagée :
Type de patient | Remboursement actuel | Remboursement envisagé |
---|---|---|
Patients ALD | 100 % | 65 % |
Assurés sociaux hors ALD | 65 % | 65 % |
Loin d’être anecdotique, ce changement reste sujet à débat. Il met en lumière la délicate conciliation entre maîtrise des dépenses publiques et maintien d’un accès équitable aux soins adaptés aux maladies chroniques.

Les motivations gouvernementales et la maîtrise des dépenses de l’Assurance Maladie
La réduction du remboursement des cures thermales s’inscrit dans une stratégie plus large de contrôle serré des dépenses de santé, qui pèsent de manière croissante sur la Sécurité sociale. En 2025, le gouvernement fait face à un contexte économique où le déficit de l’Assurance Maladie reste préoccupant. Les cures thermales représentent une part non négligeable des dépenses engagées, surtout lorsqu’elles concernent les patients en ALD, qui sont en nombre estimé à 14 millions en France.
Catherine Vautrin, ancienne ministre déléguée chargée de l’Autonomie, avait exprimé dès juillet son intention d’interroger le maintien d’un remboursement intégral pour ces patients, dans le but de freiner le dérapage des dépenses. Cette annonce est le prélude à un projet de décret, qui prévoit également une baisse du remboursement de certains médicaments à faible service médical rendu, passant de 100 % à seulement 15 % pour les patients ALD.
- Rationalisation budgétaire : réduire la part prise en charge par la Sécurité sociale pour certaines prescriptions et cures thermales.
- Équilibre financier : limiter l’impact des remboursements croissants sur l’équilibre du budget de l’Assurance Maladie.
- Élargissement des contributions des patients : encourager une participation financière plus importante des assurés, y compris des patients ALD.
Ce contexte de reforme vise donc à réduire la dépense publique sans remettre totalement en cause la prise en charge générale, selon les mots des représentants institutionnels. Le projet devrait être examiné par la Cnam début 2026, avec une mise en œuvre possible dès le 1er février 2026.
Les réactions du secteur thermal et les craintes sur l’avenir des stations thermales
Dans le secteur thermal, la proposition d’un remboursement à 65 % a été accueillie avec une certaine inquiétude. Thierry Dubois, président du conseil national des établissements thermaux (Cneth), a qualifié cette mesure d’« extrêmement dommageable pour la profession ». Selon lui, les patients souffrant d’ALD représentent environ 25 % des personnes bénéficiant de cures thermales, une clientèle principale pour ces établissements.
Les stations thermales, qui constituent souvent des territoires enclavés économiquement dépendants de cette activité, pourraient subir un choc économique significatif. Cette réduction du remboursement risque d’entraîner :
- Une baisse de fréquentation : les patients devant assumer un reste à charge plus important pourraient renoncer à leur cure.
- Des difficultés financières pour les établissements : diminution des revenus et potentiellement réduction des effectifs ou de la qualité des soins.
- Un effet domino économique : impact sur l’économie locale, l’emploi, et les services annexes liés au thermalisme.
Le secteur thermal souligne aussi que, malgré la baisse, les patients ALD conserveraient un remboursement à 65 %, ce qui reste supérieur à l’absence totale de prise en charge, mais ne garantit pas la stabilité économique des établissements. Par ailleurs, aucune annonce officielle n’a été faite concernant une suppression totale du remboursement général, qui demeure un pilier fondamental.
Les débats scientifiques et médicaux sur la pertinence des cures thermales remboursées
Au-delà des implications économiques, la question de la pertinence du remboursement intégral des cures thermales fait l’objet de débats au sein de la communauté médicale. La médecine thermale est reconnue pour ses vertus dans la gestion de certaines affections chroniques, notamment rhumatologiques, dermatologiques ou respiratoires, agissant comme un soin de support complémentaire aux traitements classiques.
Cependant, tous les acteurs médicaux ne partagent pas le même avis sur l’efficacité et l’intérêt médical des cures thermales, ce qui nourrit des appels à un réexamen rigoureux du système de remboursement. La Cour des comptes, par exemple, a récemment suggéré qu’il conviendrait d’évaluer la pertinence de cette prise en charge dans le cadre des finances sociales actuelles, notamment via la Haute Autorité de Santé (HAS) qui pourrait être saisie pour donner un avis objectif.
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Arguments en faveur des cures thermales :
- Amélioration de la qualité de vie chez certains patients chroniques.
- Réduction parfois notable de la consommation de médicaments.
- Participation active au bien-être physique et psychique.
- Amélioration de la qualité de vie chez certains patients chroniques.
- Réduction parfois notable de la consommation de médicaments.
- Participation active au bien-être physique et psychique.
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Arguments critiques :
- Manque parfois de preuves scientifiques robustes sur l’efficacité thérapeutique.
- Existence de traitements alternatifs plus coût-efficaces.
- Risques de surconsommation induite par le remboursement intégral.
- Manque parfois de preuves scientifiques robustes sur l’efficacité thérapeutique.
- Existence de traitements alternatifs plus coût-efficaces.
- Risques de surconsommation induite par le remboursement intégral.
Ce débat illustre la complexité de trouver un équilibre entre prise en charge juste, efficience médicale et contraintes budgétaires, alors que le nombre des patients en ALD ne cesse de croître dans la population française.
Conséquences potentielles pour les patients en affection longue durée : impact social et financier
Pour les millions de patients atteints d’affections longues durées en France, la perspective d’une réduction du remboursement des cures thermales représente un enjeu majeur. Ces patients, souvent confrontés à des traitements chroniques lourds, voient dans la médecine thermale un soin complémentaire essentiel, parfois indispensable pour gérer leur maladie au quotidien.
La réduction de la prise en charge pourrait impacter fortement ces patients :
- Augmentation du reste à charge : ils devront financer eux-mêmes une plus grande partie de leur cure, ce qui pourrait entraîner des restrictions ou des reports de traitement.
- Inégalités accrues : certains patients moins aisés économiquement pourraient renoncer aux cures, accentuant les inégalités de santé.
- Détérioration de la qualité de vie : la réduction d’accès aux soins de support pourrait entraîner une aggravation des symptômes et une moindre autonomie.
Ce contexte soulève la nécessité pour les pouvoirs publics et les acteurs de santé d’envisager des dispositifs d’accompagnement spécifiques, afin d’éviter que le déremboursement ne se traduise par une fracture sanitaire majeure pour les malades chroniques.
Conséquences | Impacts concrets sur les patients ALD |
---|---|
Financier | Augmentation des dépenses personnelles, difficultés budgétaires |
Social | Renoncement aux soins, isolement, inégalités |
Médical | Moindre suivi thérapeutique, aggravation des symptômes |
Questions fréquentes sur la réduction du remboursement des cures thermales en ALD
Qu’est-ce qu’une affection longue durée (ALD) ?
Une ALD est une maladie chronique reconnue par l’Assurance Maladie nécessitant un traitement prolongé et une prise en charge spécifique, souvent exonérante de certains frais.
Quel est le remboursement actuel des cures thermales pour les patients en ALD ?
Le taux actuel est de 100 %, incluant les soins et le forfait thermal, au titre de l’exonération du ticket modérateur.
Pourquoi l’Assurance Maladie envisage-t-elle une réduction du remboursement ?
Face au déséquilibre financier de la Sécurité sociale, le gouvernement cherche à maîtriser les dépenses publiques en limitant certaines prises en charge jugées coûteuses.
Quels risques pour les patients en cas de déremboursement ?
Un reste à charge accru pourrait entraîner un renoncement aux soins indispensables, affectant la qualité de vie et exacerbant les inégalités sociales.
Quelles alternatives pour les patients ?
Certains patients peuvent se tourner vers des aides complémentaires ou des prises en charge spécifiques, mais cela reste insuffisant pour compenser une baisse aussi importante du remboursement.